Post traumatic stress disorder
an anxiety disorder that can develop after exposure to a terrifying event or ordeal in which grave physical harm occurred or was threatened. Traumatic events that may trigger PTSD include violent personal assaults, natural or human-caused disasters, accidents, or military combat.****
Après avoir balayé le peu de choses qui trônaient sur son bureau d'un brusque revers de bras, Chris s'était attaqué à l'intérieur.
Il prenait les dossiers au hasard, les parcourait des yeux, et les balançait violemment, sans un mot. Derrière lui commençait à s'amasser un tas ignoble de feuilles éparses mêlées aux débris d'objets.
La plupart des tiroirs du bureau du traître étaient fermés.
Quelle surprise.
Chris n'avait plus la patience de chercher des foutues petites clés et de jouer à une sordide chasse au trésor.
Il résistait ce putain de tiroir ? Même mort
il cherchait à lui cacher ses répugnants secrets ?
Un coup de pistolet dans le bureau.
Il entendit vaguement un cri, une voix appelant son nom, celle de Jill, effondrée dans un des fauteuils du bureau du STARS.
Le fauteuil d'un de leurs amis, sans doute.
Il n'osait relever la tête et faire face au vide. Il serra les lèvres, la gorge nouée en réalisant brusquement que plus jamais il ne croiserait le regard amusé de Forest, avachi dans son siège. Que plus jamais Joseph n'enverrait d'avions en papiers.
Plus jamais la voix de Wesker, ce ton calme, froid et ironique qui ne pouvait appartenir qu'à un seul homme, ne résonnerait dans la salle.
Un autre coup. Le tiroir s'ouvre et Chris plonge ses mains, fouillant frénétiquement, jetant des tonnes de paperasse inutiles et vides d'explications derrière lui, sans même prendre le temps de les lire.
Un hurlement : « ça n'a pas de sens ! ». La voix résonne dans la pièce et dans sa tête.
La colère, le désespoir jaillissent en lui, flot soudain et inexpliqué, trop fort pour être contrôlé. Il saisit le bureau et le renverse, à défaut de pouvoir se défouler sur une entité tangible, il s'en prend vainement à ce qui reste de lui sur cette terre.
Il ne s'est pas senti s'effondrer au sol et ne se souvient pas de ce que Jill lui a dit en l'enserrant dans ses bras. Il voudrait rester ici pour l'éternité, au milieu de ce champ de ruines, en sécurité.
*****
Calme, froid, inexpressif.
Il a réussi à tenir toute la journée, à répondre aux questions inutiles des docteurs, à affronter le regard des journalistes et collègues, incrédules.
On les prend pour des fous, des agités du bocal. Qui voudrait croire une histoire pareille ?
Chris reste placide.
Qu'importe. Ces imbéciles comprendront la mesure de leur erreur le jour où ils devront assumer les conséquences de leur irresponsabilité.
Aucun héros ne viendra les sauver. On ne peut sauver les gens contre leur volonté, apparemment.
Jill sort en claquant la porte.
Qu'importe, il n'est pas d'humeur à recevoir et l'attitude de la jeune femme l'exaspère.
Il croise brièvement son regard dans la glace et n'est absolument pas surpris de ne pas se reconnaître.
*****
Le jour de la conférence de presse, Chris est absent. Écouter Irons déballer la version officielle des faits ne présente aucun intérêt.
Il se rend de moins en moins au travail, de toute manière. Incapable de supporter les autres, leur petite vie misérable et leurs regards apitoyés.
Jill n'est pas mieux. Sans cesse à l'exhorter de prendre du repos, du recul. Il serait instable. Mais aucun souci à avoir ! Tout est « normal » !
Normal.
Il envoie une droite à un pauvre stagiaire ayant eu le malheur de lui renverser du café dessus.
Alors, Jill, tout est normal ?*****
Cette nuit-là, il ne rentre pas chez lui.
La morgue est un lieu clair et froid, grand et vide. Le Manoir était sombre et chaud, aux dédales de couloirs exigus et encombrés.
Il demeure immobile, assis sur une table, seul, et contemple les tiroirs où sont rangés ce qui reste de ses amis. Ça ne lui fait plus rien.
Le médecin légiste, penché au-dessus de son objet d'étude, ne lui prête aucune attention mais Chris, triturant nerveusement sa cigarette entre les doigts, est incapable de détacher son regard du médecin à l'oeuvre.
Un bruit sourd se fait entendre derrière lui. Il sursaute, la main cramponnée sur son arme. Étonnant de constater à quel point sont nés rapidement de nouveaux réflexes.
Il n'est qu'à moitié surpris de voir Brad entrer. Jill n'aurait jamais poussé la porte si timidement, avec tant de précaution.
Son regard croise le sien et Chris sourit.
Maintenant que Chris l'a vu, il ne peut plus reculer et retourner se cacher.
Brad n'est pas le seul à éviter Chris ces derniers temps, il en est bien conscient. Il a cependant besoin de passer ses nerfs sur quelqu'un. Blâmer le mort et passer sa haine sur des bureaux et des dossiers ne suffit plus.
Le pilote d'hélicoptère entre, la mâchoire tremblante. Il avait sans doute espéré être seul et était trop intelligent pour ne pas confondre le rictus sardonique de Christopher avec un sourire rassurant.
« Tu entres quand même ? Tu deviendrais courageux, peut-être ? »Il ne répondit rien, ignorant sa présence et cette voix moqueuse, blessante, fixant le dos du médecin.
Chris fronça les sourcils avant éclater de rire.
« Sérieusement, pourquoi tu te ramènes ? C'est un peu tard, Chickenheart » continua-t-il en prenant soin de mettre l'emphase sur le surnom.Son petit tour eut l'effet escompté, le pilote pâlit brutalement, regardant Chris comme on regarde un fantôme. Ce dernier posa sa cigarette sur un coin de la table et se releva, saisissant la main tremblante de l'autre.
« Allez, viens. » l'enjoigna-t-il doucement
Brad fit un signe de tête négatif, semblant malade et horrifié.
Lâche. « Viens, viens voir, il en vaut la peine. J'ai eu du mal à le reconnaître. Tu pourras lui expliquer pourquoi t'es parti, par exemple.»Irraisonné, Chris ressentait le besoin d'être cruel à son tour, refusant de chuter seul, de souffrir seul. Ignorant les murmures apeurés et épouvantés de l'autre, il le traîna vers la table d'autopsie en lui hurlant des horreurs qu'il regretterait le restant de ses jours.
Il ne se souvenait que de la gifle de Rebecca et du regard de Jill, arrivées en trombe dans le laboratoire.
Quelque part, c'était plus facile d'être un monstre.
*****
Les jours passent lentement. Malgré ses quelques contacts au FBI, il ne récoltait pas d'informations dignes de ce nom.
Une question résonnait dans sa tête, hantant ses nuits et ses jours.
Un « pourquoi » tonitruant, strident, plus douloureux que les faces ravagés de ses amis ou de ces inconnus.
L'incident du Manoir, tel qu'il fut nommé, arrivé il y a seulement deux semaines, est déjà un fait divers.
Normal.
******
Incapable d'écrire à Claire, il regardait néanmoins souvent son téléphone portable, sans trop comprendre ce qu'il en attendait.
1 nouveau message
+003064578...
RV musée minuit si vous voulez comprendre. Venez seul.
Hollande.
WB
Il fallait être fou pour songer à y aller.
Chargeant son arme, il partit de chez lui en avance.
*******
S'infiltrer dans le musée était un jeu d'enfant pour lui. Il devait faire peur, le teint pâle et les yeux cernés, témoins de ses nuits blanches. Les mains dans les poches de sa veste de cuir, il ne pouvait s'empêcher de serrer fermement la crosse de son arme.
Il se rendit, en essayant de ne pas se presser, à l'allée principale, qui accueillait en ce moment des oeuvres d'art Hollandaises.
Vide.
Plissant les yeux, il aperçut une silhouette frêle, assise sur un banc, observant sans doute l'une des tableaux.
Chris s'approcha à pas de loup, refusant de surprendre son informateur. Il voulait le contempler un moment, essayer de voir ce qu'il pouvait dire de l'homme, a priori.
Maigre, courbé et l'air un peu rêveur, il ne semblait l'apercevoir. Cheveux en bataille, débraillé et mal rasé, l'homme paraissait malade ou déprimé. Il avait toute l'allure d'un scientifique fou.
Le visage de Chris se tordit de dégoût.
Oui, c'était probablement un scientifique fou.
« Je suis là. » dit-il simplement
L'homme se tourna lentement vers lui, comme un mourant que l'on sort de sa torpeur un instant. L'expression de son visage encore jeune indéchiffrable.
Il avait déjà vu ce visage enfantin quelque part. L'obscurité, l'angoisse et l'excitation l'empêchaient de mettre le doigt dessus.
Chris, droit comme la justice, ne s'approcha pas plus et ne lui tendit pas la main. Il restait immobile, fixant de haut ce débris d'homme, comme un aigle chassant.
Il voulait savoir. Il avait
besoin de savoir.
« Dites-moi, dites moi... tout. »Dans la pénombre, il aperçut les lèvres de l'homme se tordre en une grimace souriante.